Christian Durante témoigne d’une présence , d’une attention et d’une lecture particulière au monde.
Il regarde, écoute.
Il collecte, ramasse, cueille.
Il matérialise une sensation, une perception.
Les matériaux sont naturels et de peu. Ils parlent de l’impermanence d’une forme, de cycle de vie.
Le ramassage des matériaux, en grand quantité, prend du temps. C’est un temps du travail artistique ; celui de la lenteur, du cheminement, de la prise de conscience de ce qui fait sens dans ces matières premières. Les repérer en pleine nature demande de l’acuité, une attention particulière au monde. C’est une étape sensorielle.
La matérialisation passe par la création d’un processus naturel ; celui de la matrice qui engendre des formes identiques mais pas complètement.
Ensuite vient le temps de classer, ranger, ordonner, trier, conserver, protéger… C’est à dire penser ces matériaux choisis ou modelés, véritable enregistrement du réel, jusqu’au vertige et non dénué de plaisir.
Un autre temps dans ce cycle est la mise en espace. Il permet de restituer toutes ces qualités énoncées (impermanence, acuité, attention, choses de peu, fragilité, organisation…), soit notre rapport au monde mis en évidence par la disposition en espace de ces matériaux fragiles et constants, comme une prise de conscience de nous faisant partie de ce tout, tout en ayant le terrible pouvoir de le penser.